“LE” Gradient

 
 

Dans le fourgon, en montant à la Chapelle, ça devait discuter ferme atterro. Pendant que la troupe récupérait son matos le responsable insistait sur les consignes: Le gradient …attention au gradient ! Je cherchais mes lunettes dans le VW, impossible de ne pas entendre. Je sais que ça me fout toujours le bourdon, mais je ne peux pas ne pas y gâcher au moins le ¼ d’une oreille.

Qui ne s’est pas fait rebattre les esgourdes avec les dangers du gradient de vent à l’atterro ? Ca flotte grave aujourd’hui, je me fais chier, j’y repense … Voyons ce qu’en disent les autorités, la source la plus fiable, le site de la FFVL et ses conseils de bouquins pour passer son pu…rée de brevet.

Je choisi, Parapente 360, avec son gros tampon rouge APPROVED FFVL ce sera parfait. Vous trouverez facilement le lien, j’espère que la FFVL a tiré 10 sacs pour la mise en ligne de ce florilège de pub, moi rien, donc pas de lien et le strict minimum en pdf. Cliquer ici pour afficher

« Si le seul outil que vous avez est un marteau, vous tendez à voir tout problème comme un clou » – Maslow. Considérer le vent comme un tapi roulant, amène à se servir d’un marteau pour expliquer le risque lui bien réel, de s’y prendre la voile sur la gueule.

Sur la page vitesse air – vitesse sol, au terme d’une docte démonstration, l’auteur conclut : “Retenez que le vent relatif est égal à la vitesse de l’aile. Que l’aile vole dans du vent ou non”. Je m’exécute et je retiens. Sur la page piège aérologique je lis : “Une aile qui rentre dans du gradient voit son vent relatif diminuer. Elle est donc en déficit de vitesse”. Je me gratte le crane, une aile qui passe d’un vent de 10 km/h à 0 km/h (pour reprendre les valeurs de l’exemple) voit son vent relatif diminuer ; différence vitesse voile / vitesse vent 10 km/h, alors que cette même voile, qui je suppose a pu faire pendant le vol précédant l’atterro au moins, un virage de 360° soit passer sur une durée beaucoup plus courte que celle de la traversée du gradient, d’un vol face au vent, à vent arrière et de nouveau face au vent , soit pour cette différence 2 fois 20 km/h , a pu exécuter la manœuvre sans aucune variation du dit vent relatif. La quintessence ! Un schéma taggé P.360, donc crânement assumé, illustre le fait que le pilote soumis au gradient se pose bien plus court que s’il conserve en totalité le vent de face jusqu’au sol.

Si quelqu’un a le courage de m’expliquer, j’avoue être trop con pour comprendre. Je pensais avoir pigé ce qu’est la couche de surface (ici la couche d’air soumise au gradient). La mécanique des fluides et la thermodynamique expliquent sa nature tourbillonnaire, je consulte le matin @ MétéoFrance les énergies développées : la TKE (Total Kinetic Energy), AROME la calcule 4 fois par jour pour la maille au-dessus de l’atterro. Fermer sous les effets de la turbulence ok, mais y décrocher de par la diminution de la vitesse du vent relatif, eh bien là ça me laisse coi.

 

Je dézingue, je dézingue … J’adore… Sauf qu’au déco, l’accueil, l’amitié et le respect me poussent à ménager le catéchisme. Pour mes choix en vol, c’est Navier-Stockes. Pour un pilote lambda qui n’a aucun pré à défendre, c’est gérable, il en va bien autrement pour nos mâles alfa. Je prends pour exemple, un des plus brillant Sapiens : Einstein. Albert ouvertement attaché aux dogmes c’était ficelé un fauteuil confortable dans la communauté scientifique. Craignant de le perdre, lorsque se faisant déborder par ses propres équations, l’expansion de l’univers remettait en question un univers qui ne pouvait être suivant ses préceptes que statique, il a en totale contradiction avec ses travaux bidouillé sa constante cosmologique. Revenir sur sa répartie au congrès de Solvay: ” Dieu ne joue pas aux dés” lui fut tout aussi difficile. Que notre moniteur se rassure, entre ses élèves à l’école des Choucas, voire sa “grosse commission” et l’histoire des sciences sur la planète entière, la caisse de résonnance est sans commune mesure, la réaction humaine elle, reste bien la même. Einstein, pourtant confronté à une palette de brillant cerveau, n’a pas provoqué un tsunami. Même tambouille chez nous, qu’il n’y ait pas quelques neurones fonctionnels chez les rédacteurs et les annonceurs du bouquin, chez les responsables et les formateurs de la fédé, tous associés de gré ou de force à sa publication et à sa diffusion, interpelle. L’argument : personne ne l’a ouvert n’est en aucun cas recevable. Le choucas enroule avec les aigles, il y tire légitimité et autorité, flirter aux barbules demande un minimum d’effort, y être accepté valide le fait qu’il ait été produit. Que la FFVL lui ouvre ses cimaises prouve que, dans notre rapport au vol, le contenu de la leçon dépasse le raisonnement rationnel. 

Tant que faire se peut, je m’appuie sur des faits, sur des travaux exécutés dans un cadre et suivant des procédures que j’approuve, sur lesquels je forge ma compréhension de la masse d’air. Cette compréhension est de l’ordre de l’opinion, par nature elle est discutable et doit être systématiquement critiquée. L’enseignant ou le prétendu tel, jouit de l’argument d’autorité que lui confère son titre attesté chez nous par un diplôme officiel. La question de fond est : Qui délivre? Quoi ? Et à quelle fin ? S’agit-il de conformer, ou de donner les moyens de progresser ? Quel est le discours le plus fécond, s’en remettre au gradient ou au flux tourbillonnaire, aux caractéristiques et à l’énergie calculées par les logiciels de prévisions ? Je suppose que le pauvre moniteur que je flingue, consulte le matin la météo pour choisir le site où faire voler son groupe. AROME et WRF c’est pas dl’eau bénite !

La cohésion d’un groupe repose sur des valeurs communes, la représentation de notre couche limite en tant que modèle en est une, la remettre en cause c’est braver l’ordre établi, les sachems et leur vassaux. “Le Manuel du Bon Pilote” embrasse tous les aspects de notre discipline : météo, aérologie, mécanique du vol, sécu… C’est “Le Livre”. Décliné du bouquin pour la préparation du brevet, aux articles dans la presse, sans aucune remise en question, il est la colonne vertébrale de notre société volante. A cet égard, en plus d’être un fermage pour la fédé et l’assurance de recette pour ses écoles, le dit brevet compte tenu du paradigme qui le sous-tend, le terme est choisi à escient, il est à prendre dans son sens premier : représentation, vision du monde, modèle, courant de pensées, point de vue, n’est pour le parapentiste, que l’écharpe qui ouvre l’accès au ban, à la tribune et à ses gradins.

 

– JJ, l’essentiel n’est-il pas le message: Fait gaffe à l’atterro ? Le gradient ça me cause, l’équation de Navier Stokes, non. Tu flingues le qcm de la fédé, mais si tu daignais y répondre, ta perspective te ferait bien cocher quelques bonnes cases.
– C’est possible, mais elle m’épargne de mater les tracteurs dans les champs pour me refaire sur la plaine.

 

 

JJacques  – 21 février 2022

 

 

Edit du 02 mars – Je réponds aux réactions.

Parapente 360, “calendrier des pompiers” est le fruit d’une démarche : rédaction, illustration, et nécessairement correction. Aussi je suis certain que son équipe de rédaction en assume le contenu. J’en partage et commente 4 pages, telles qu’elles figurent dans le pdf original. Donner un lien actif est trop me demander, la capture d’écran jointe ici où figure l’URL de la page et son copyrigth : FFVL 2022, montre que je n’ai pas pêché ce pdf dans les limbes du DeepWeb. Je veux bien débattre de tout sauf de ces faits. Il est suffisant de laisser entendre qu’une page non trouvée est inventée, l’argument ne démontre qu’une chose, que l’enquêteur, piètre fureteur sur la toile, ne manque pas d’égo.

Couchas, n’est pas péjoratif. Dans l’Ecole des Choucas, les choucas officient. J’estime ces volatiles doté d’une intelligence certaine, je suis surpris que personne ne défende les corvidés en me reprochant des associations maladroites qui pourraient, eux, les offenser.

La TKE c’est pas un de mes trucs à la con pour faire chier les copains. Je ne m’épanche pas à son sujet, et pour cause, je n’ai pas encore eu matière à bougonner. Dans nos bibles, dans les testaments de nos Saints (j’avoue que ce ne sont pas mes livres de chevet), ou au parking, aucune bourde ne m’exaspère puisqu’il en n’est jamais question. Je n’y lis et n’y entends causer que de bulles berniques qui s’engraissent et mûrissent au coin de leur champ, avant de s’arracher pour gaillardement s’accoupler, même qu’un petit cumulus blanc en scelle souvent l’union.

Je m’accorde une parenthèse pour piquer votre curiosité et vous donner l’irrésistible besoin d’aller fouiller la question.

La couche de surface (cf la couche de “Le Gradient”) est la principale couche de l’atmosphère où l’énergie du rayonnement solaire est absorbée par la masse d’air.

C’est vrai pour l’atmosphère dans son ensemble, mais pas tout à fait pour notre couche limite qui “tire” aussi de l’énergie thermique de la couche qui la surmonte. Une digression est nécessaire : la partie supérieure de la CLA (Couche Limite Atmosphérique) porte le nom de couche d’entrainement, par friction les cellules thermiques entraînent dans leur mouvement des particules de la couche d’air du dessus plus chaude, c’est l’overshoot, ça représente un apport d’énergie non négligeable bien pris en compte dans les modèles de prévision.

Retour au sujet dans la couche de surface : la mécanique des fluides explique, lorsqu’un fluide visqueux pour nous l’air, glisse au contact d’une surface , sa viscosité va provoquer l’apparition de turbulence : Nombre de Reynolds – Richardson, et ce d’autant plus que le déplacement est rapide et la surface longue. La vitesse du vent pour nous c’est pas le soucis mais la longueur et la rugosité de la surface sur nos campagnes c’est pas rien, labours , cultures, arbres, forêt, route , village… L’écoulement n’y est jamais au grand jamais laminaire. L’équation de Navier-Stockes exprime alors le fait qu’il y a dans ces déplacements tourbillonnaires, les gros tourbillons, qui vont mener tranquillement leur vie et conserver leur énergie sous forme mécanique, leur quantité de mouvement s’ajoutera à celle des cellules convectives, et les petits qui vont graduellement se dissiper en se décomposant en tourbillons de plus en plus petit, jusqu’à atteindre la taille micrométrique. A cette échelle l’énergie porte un nom qui chante pour nous : chaleur, aucune différence alors avec celle apportée par la conversion du rayonnement solaire par le sol. Rien ne se perd, rien …. , vous comprenez donc la nécessité pour les modèles de prévision de tenir compte de la TKE dans les équations de fermeture en sous maille.

Les pénibles se posent alors la question : considérer qu’un tourbillon possède une énergie, qu’il suit son cours ou qu’il se divise en tourbillon plus petit, suppose qu’on l’appréhende comme un volume, au contact d’autres volumes, l’apport d’énergie thermique augmente la flottabilité, donc quelque chose comme sa vitesse verticale, ou comme la composante verticale de sa vitesse globale de déplacement. Dans la TKE quelle est la part de l’énergie cinétique turbulente générée par flottabilité et celle produite par le cisaillement du vent ? Un clin d’œil à la longueur de Monin-Obukhov. et leur théorie de la similitude. Vous en trouverez 2 mots et des liens dans l’article : w *- vitesse convective.

Ne pas perdre de vue le sujet de l’article, quelle logique fait le plus avancer le schmilblic, la bernique du catéchisme ou la mécanique des fluides ?

Pour ma journée de vol, je vais chercher la TKE sur AEROWEB. La notice d’utilisation est accessible via le point d’interrogation dans le menu déroulant, le pdf sauvegardé. Je doute que les WindMachin à la mode vous la donnent. Comme je suis bien remonté, une dernière question :

Pourquoi consulter des portails à la noix, alors que MétéoFrance vous offre à la source un service complet. WindTruc va chercher sur les serveurs de MtFrance les données AROME en OpenData. Ce sont les monstres de Toulouse qui font tourner les modules logiciels, pas l’hébergeur de WindChose. Vous privez le service public des retombées générées par vote trafic pour gaver des branquignols.

jjacques

 

 

Edit du 20 mars – pour attendre une page TKE, cette variable suscite plus de questions que mes égarements anthropologiques.

Fors de me pignoler au petit matin avec la TKE, qu’est-ce que j’en tire ? Un exemple de lecture en 2 mots, aujourd’hui 20 mars.

Capture d’écran ici – ligne bleue: hauteur de la couche convective – TKE : 0, 5 < bleu clair < 1 m²/s² – 1< rose < 1.5 m²/s²- les heures sont TU – le jpg de gauche : conversion en m QNH de la pression atmosphérique, je suis sympa.

Si ça thermique ça brasse, en rose le max de l’activité pour la journée, à l’usage vous aurez une petite idée des conditions, par plage de valeur, entre 1 et 1.5 m²/s², pas de quoi saisir les prud’hommes. AROME donne 2900 / 3000 m de hauteur de la CLA entre 14h et 15 h , avec une condensation à 1300 /1400 m , on voit que le gros développement vertical du début d’aprem est lié à l’apport thermique de la condensation, les vieux diraient Sat Instable, c’est la saturation qui maintient l’instabilité, a priori les gros noirs ne suceront pas. La convection apportera en basse couche, le surcroît d’énergie qui, si on ne compte que sur le vent météo, risquerait de manquer pour les aller/ retour sur le coteau : plein Sud , 1 hampe à 13 h sur toute la colonne convective, si on ne prend en compte que le seul vent météo, ça se calmerait, à partir de 14 h sans la convection 0 hampe au sol, on ne touche au déco presque plus rien. Un changement de masse d’air est calculé pour 15 h, le passage de l’occlusion calmera le jeu dès 13h30. On pourra remballer rien à tirer de la fin de journée.

Si turbulence 1 m²/s² vous suffit, pas la peine d’y consacrer 1 minute 30 … Le terme turbulence pour nommer cette variable est m^me abusif. La turbulence caractérise l’état de l’écoulement d’un fluide, et non l’énergie qu’il possède. Pas facile à quantifier, ce que je ressens ce sont des variations d’accélération, du type m/s² voir m/s³, la TKE est en m²/s² c’est de l’ordre de l’énergie qui s’exprime en J soit kg m²/s²

 

JJacques